Née en 1960, en Martinique, j'ai très tôt eu des mains et une tête hyperactives, j'écrivais des poèmes, je jouais du violon, je reproduisais ce que ma soeur pianotait mais sans le bon doigté, c'était ma récréation après la rigueur du violon. Je faisais des arabesques à l'encre de Chine, je n'aime toujours pas le crayon parce que je déteste l'effacement, l'encre de Chine me permettait la transformation, ce que j'aime avec la peinture, c'est qu'elle est comme la vie, faite de strates et de transformations successives, voilà pourquoi je n'ai jamais dessiné au crayon, je découpais des « trucs » dans du contreplaqué à la scie à chantourner, que je montais sur socle et que je distribuais... Mon entourage aussi était très créatif : un grand-père et 3 oncles ébénistes, une grand-mère couturière qui m'initia à 7 ans aux rudiments de la machine à bras... Mon père super bricoleur et un brin artiste recycleur avant la mode (dans les années 60 en Martinique, les jeux et jouets faits main vivaient leurs dernières heures), une mère institutrice, férue d'art en général, avec laquelle j'ai découvert à 11 ans la plupart des musées, châteaux, théâtres français, lors de mon année de 6ème que je fis à Paris... J'aimais créer des ambiances qui me faisaient léviter, par la musique et l'écriture surtout parce que j'avais plein de questions, de curiosités, d'images qui s'imposaient, mais, j'étais insatisfaite car la rigueur des partitions m'emprisonnait (maintenant j'improvise !) Et je n'étais pas assez mûre pour avoir une écriture libre (maintenant j'écris mes vrais pensées à moi !)... C'est à 30 ans que j'eu envie d'abord d'ajouter de la gouache à mes encres sur papier. Cette démarche plut tellement à mes amies, que chevalet, toiles et acrylique me furent offerts «de force», j'étais très peu rassurée face à ce nouveau matériel, mais très vite je mis le doigt dans ce qu'est La Liberté, à savoir commander tout simplement à mes mains de mettre « en musique » les images que j'avais en tête depuis si longtemps, je n'eu jamais envie de prendre aucun cours que ce soit parce que non seulement je SAVAIS ce que je voulais voir sur cette toile vierge, mais, cerise sur le gâteau : je parvenais à matérialiser cette complexité ! Je ne déchiffrais plus de partition, j'étais chef d'orchestre, Je vivais un miracle ! Et ça fait 20 ans maintenant que ça dure, tous les jours de ma vie je fais « jazzer » la palette ! |