; Le monde de Ma.Thé est un étrange univers peuplé de femmes aux visages émaciés. Leurs yeux, démesurément agrandis dérangent parfois, interrogent souvent, résonnent toujours dans les profondeurs des pastels utilisés. ; ; ;Les quelques tableaux présentés ici offrent une variation « SUR » le regard. La dilatation des pupilles, l'allongement des cils, l'effilage des yeux en amandes sont autant de tentatives pour capter quelque impression insondable du miroir de l'âme. ; ;Que scrutent-ils ces portraits à demi effacés ? A quelles introspections se livrent-ils ? Par le jeu insidieux des dédoublements et de la récurrence, Ma-Thé. brouille les lectures, et soudain c'est le tableau qui inspecte le spectateur. Mise en abyme du regardant regardé, double jeu de l'observation et de la réflexion, c' est une invitation à passer de l'autre coté du miroir qui est lancée par ces femmes hiératiques. Le traitement très personnel des pastels, ces craies dont elle aime l 'odeur, et qui sont longuement travaillées par l'artiste, la prédilection pour les camaïeux de bleus et de gris, confèrent à ce cortège de femmes mélancolie et douceur. Elle, La Dame du Lac, Ailleurs, Ombre et Lumière, etc... se répondent dans ce nuancier crépusculaire. Sur d'autres figures, au contraire souffle l'esprit de la colère. De facture expressionniste, les carmins et les bruns soulignent l'arc des sourcils, renforcent l'épaisseur des lèvres, émèchent la chevelure dans des instantanés sauvages, ainsi : Eux, Shambleau, La Noire, La Sauvage etc.... Derrière ces visages oblongs, se cache (à peine) Ma-Thé. Chacun de ses tableaux est en effet un auto portait, témoin discret d'un épisode de vie, une rencontre, une amitié, un deuil. ; ;Ma-The se consacre à la peinture lorsque ses vies professionnelle et familiale le lui permettent ses tableaux sont le fruit d' années à voir les autres du dedans. Et s il lui fallait arriver à une certaine maturité pour peindre tous ces yeux qu' elle a dans la tête ses portraits ont, pour leur part atteint un degré de maturation qui nous prêtent a leur contemplation. ; ; Nathalie BAL d’ESPINOSE ; ; ; |