Jean-Marie Rochez, est un homme modeste et effacé, presque timide mais qu’on découvre vite farouchement déterminé, inébranlable dans des convictions qu’il assène comme autant de coups de poings sur des supports monumentaux. Les œuvres crient l’angoisse, insultent le mensonge et scandent la justice sociale. Le regard qui s’incruste au nœud de la peinture est inévitable. Halluciné et poignant, il capture l’attention, suscite l’adhésion mais ne laisse aucune chance à l’indifférence. Insolite et sauvage, l’œuvre se déroule, se déploie ou éclate sur des panneaux inappropriés, comme improvisés, tels de vieux châssis, d’anciennes portes ou autres volets. Ce décalage permanent participe à la conviction. Rochez apparaît comme un visionnaire passionné, empreint d’une étrange fantaisie qui se fige brusquement dans une soudaine immobilité intrigante et dérangeante. Fascinante, étonnante mais toujours convaincue, la vérité de Rochez s’inscrit à mi-parcours entre un quotidien secoué et une éternité inquiète. Profusion d’éléments, prouesses techniques, un style original et une palette délibérément rudimentaire où une monochromie contrastée souligne une aveuglante évidence. Rochez et son œuvre sont uniques, singuliers, intrépides, audacieux, à l’opposé de l’image d’un homme effacé au sourire inquiet souvent attachant. Toujours son âme riche et généreuse nourrit une œuvre remarquable qui mérite admiration et partage.
GUY ROLAND Bourgmestre de Quaregnon et Conseiller Provincial.
Né le 03 novembre 1946 à La Hestre dans le Hainaut Belge, de parents artisants tailleurs, il rentre à 12 ans aux cours du soir de l’Académie de Binche sous la férule de son professeur Albert Glotz.Il poursuit ensuite des études supérieures aux Beaux-arts à Mons sous la direction du prestigieux Gustave Camus, avec des professeurs tels que André Hupez, Gustave Marchoul, Zéphir Busine et Edmond Dubrunfaut Il collectionne divers prix nationaux et internationaux en Arts graphiques et en Art monumental.
Installé indépendant, il gagne sa vie en peignant pour des industriels forains et pour des parcs d’attractions, il crée et fabrique des décors monumentaux qui sont actuellement dispersés partout dans le monde, il rénove et révolutionne l’art forain.
C’est en 1989 que Jean-Marie Rochez cessera définitivement de peindre des décors monumentaux dans lesquels il s’exprimait avec profusion de couleurs. Gaieté et exubérances de tons vifs qui faisaient chanter ses décors forains allaient faire place à une peinture beaucoup plus prometteuse. Rochez construit alors un ensemble plastique qui, sans imiter le modèle, adhère étroitement à l’émotion. Les profusions de couleurs qu’il n’a cessé de peindre pendant plus de vingt ans l’écœure, il s’en tiendra désormais à une peinture presque monochrome:La Période Noire.
Cette période noire fait place une dizaine d'années plus tard à une autre période où le peintre nous renvoie une réflexion sociocritique du monde. Son écriture picturale est alors universelle, Rochez s'exprime en donnant à l'image un contenu cognitif plutôt qu'une apparence réelle. Un exemple en est PRAVDA, oeuvre clé. Cette peinture monumentale s'étale sur dix-sept portes celles-ci concrétisent une synthèse de ses recherches.