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I have a dream…

J'ai un rêve…
Lundi matin. Nouvelle semaine. Vingt et unième depuis l’ouverture de "Tableaux en marche".....
Dominique Boucher
24 septembre 2003

I have a dream…

Lundi matin. Nouvelle semaine. Vingt et unième depuis l’ouverture de " Tableaux en marche ", la galerie du collectif 31. Le collectif ne s’est pas encore penché sur le problème d’une appellation plus poétique, plus en rapport avec sa vocation, mais cela viendra en son temps. D’ailleurs, aucun des soixante quinze autres collectifs ne s’est frotté à ce petit exercice. L’urgence était, pour chacun d’entre eux, de mettre en place leur structure, de la faire connaître auprès du public et des quelques autorités représentatives en région.Le brouillard est à couper au couteau. La présence de la Garonne, à trois coups d’aile d’oiseau du centre ville, n’y est pas étrangère. Mais dans une heure, tout sera rentré dans l’ordre ; comme la veille, la journée sera belle.Paul prendra son café du matin avec Pierre, au bistrot du coin. Ils en profiteront pour faire le point sur la semaine passée. Pierre était de permanence à la galerie ; avant, c’était le tour de Manolo. Avant encore, celui de Réa. Paul prend la relève ce matin.Le collectif 31 est fort de la participation de ses cinquante deux adhérents (de tous les sexes), de leur motivation, disponibilté, compétence et cotisation. Certains collectifs fonctionnent avec davantage de membres, d’autres avec moins, cependant chacun s’est adapté afin que le projet commun à l’ensemble du réseau soit respecté, viable et poursuivi. Le 31 comprend quarante neuf peintres, deux sculpteurs et un infographiste.

L’aventure a débuté un an et demi auparavant. Sur un forum Internet, des peintres, désenchantés par le système marchand de l’art, échangeaient quelques idées sur la façon de survivre à cet " appareil impitoyable", de le contourner, ou tout simplement de passer outre et mettre en place de nouveaux espaces d’exposition, de développer de nouvelles relations avec le public, de créer de nouveaux liens entre les artistes. De proposition en proposition, d’échange en échange et d’idée en idée, la première mouture d’une " intention commune " a vu le jour. Les plus motivés, la dizaine de la première heure, se sont rencontrés à Perpignan, à l’Hôtel de la Gare, lieu symbolique s’il en est. Une semaine de séminaire où cette fois le travail de création ne se faisait pas avec des pinceaux sur la toile, mais des stylos sur le papier…La " Déclaration des Droits des Peintres et du Public " était née.

Passons sur les longues et difficiles démarches, négocations, rédactions de textes, sur les écueils ou les résistances rencontrés, sur les arguments à " aiguiser " ou les compromis à accepter ; peu de succès ne s’obtiennent sans " mouiller " la chemise. Et le résultat fut au rendez-vous… la Loi n° 2002-567 du 6 août 2002 relative à l’intérêt public des arts plastiques fut votée puis publiée au Journal Officile en date du 16 août 2002, proclame (extraits) :

Article 1 :

A compter de la date d'entrée en vigueur de la présente loi, toute ville de plus de 12 000 habitants, dans la mesure où elle serait sollicitée par un collectif d’artistes, devra se doter d’une galerie d’art publique, mise à la disposition de ce collectif pour la somme symbolique d’un euro et pour un bail de trois ans renouvelable par accord tacite.

Article 2 :

Les fonds nécessaires à la construction ou à la restauration des bâtiments servant de galeries d’art publique seront proportionnellement versés par l’État, les régions, les départements, les villes. Pour ces dernières, les fonds seront répartis d’une manière relative, et selon le nombre d’artistes résidant dans ces villes et prenant part à un collectif. De plus, elles auront à leur charge les dépenses de fonctionnement et d’entretien des lieux.

Article 3 :

Les villes ainsi dotées d’une telle structure ne pourront en réserver l’usage aux seuls artistes résidents. Tout artiste établi dans une commune limitrophe pourra prétendre jouir de la galerie d’art publique la plus proche, pourvu qu’il adhère à un collectif…

… La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

La première pierre à l’édifice était jetée. Les semaines suivantes furent consacrées à l’établissement du règlement interne des galeries, au premier jet régissant les collectifs, à l’information, aux contacts, au recensement des artistes intéressés par ces galeries d’art publiques. Paul se souvient du type qui était venu lui rendre une petite visite de courtoisie dans son atelier. Ils avaient échangé à deux ou trois reprises des messages électroniques. À cette époque là, le type n’exposait plus son travail que sur un site personnel, tandis que Paul en était encore à payer des fortunes pour s’ouvrir les portes de quelque galerie " officielle ". Et très vite le projet de la création d’un collectif lui fut " servi " ; Paul n’hésita qu’une demi-seconde. Bien sûr, dans les premiers temps, comme tous les autres, il devrait payer de sa personne, en temps et en argent (les réunions, les coups de téléphone, l’essence pour la voiture, etc.) ; sans parler du travail à l’atelier qui en prendrait un petit coup. Mais le jeu en valait la chandelle.

Le collectif 31 avait été le premier à voir le jour. " Leur " galerie avait été installée dans une ancienne prison. Quelques murs abattus et beaucoup de pots de peinture étalés plus tard, l’ouverture officielle de " Tableaux en marche " s’était faite dans un quasi anonymat… les membres du collectif, leurs proches et amis, l’adjoint au maire chargé des affaires culturelles. Le collectif n’ayant pas encore les moyens de ses ambitions et la mairie ne croyant pas encore en ce projet pour lequel on lui avait forcé la main, le " battage " fait autour de l’événement n’avait pas été un modèle d’efficacité ; et ce ne furent pas la cinquantaine d’affiches collées ici ou là qui avaient pu ameuter la foule.

Mais depuis les choses ont changé. Chaque membre du collectif, en plus de sa cotisation menselle (50 €), reverse à la galerie 10% du montant de ses ventes. Ces sommes alimentent la caisse commune pour subvenir aux dépenses de l’activité de la galerie (affichages, campagne de presse, bulletins, vernissages, etc.). Chaque membre du collectif donne une semaine de son temps (sur une année) pour assurer la permanence de la galerie et accueillir les visiteurs. Il leur est possible de travailler parallèlement dans l’atelier contigu, aménagé par les soins du collectif. Et Paul ne s’en prive pas. Chaque membre du collectif expose un maximum de vingt œuvres à la fois. Pierre est en charge des relations du collectif avec les autres collectifs du territoire, et les échanges d’expositions se font régulièrement ; à la fois pour assurer un choix conséquent au public et " fournir " la galerie en cas de " pénurie ". D’ailleurs, ce matin, Paul accueillera les tableaux d’un peintre du collectif 9, se chargera de leur accrochage, et expédiera les invitations pour le vernissage.

Au " Tableaux en marche ", personne ne fait fortune. Des tableaux des différents artistes se vendent, de temps à autre. L’heure est à la fidélisation du public. L’amener à se déplacer régulièrement. Découvrir les nouvelles " productions ". L’important, pour tous ceux du collectif est d’abord d’avoir à disposition ce lieu privilégié où chacun peut, en toute liberté et à moindre frais, proposer au public le résultat de son travail. Le reste viendra en son temps. Manolo (comme son nom d’artiste le montre, anglais d’origine), veut exporter l’idée de la galerie d’art publique en Angleterre, persuadé que là-bas existent un potentiel intéressant d’échanges entre les artistes, un public amateur d’art habitué à acheter des tableaux. Pourquoi pas ? Le collectif le soutiendra dans sa démarche, au besoin l’aidera… et si " l’effet " galerie d’art publique prend Outre-Manche, pourquoi ne pas l’étendre à l’Europe entière, au monde entier ? N’est-ce pas en voyant grand que l’on parvient aux petites choses ? Réa, elle, en relation avec d’autres membres des autres collectifs, s’occupe des médias et des critiques. Une double publication mensuelle (nationale et régionale) leur est envoyée, qui fait le point sur les expositions à venir, sur les nouveaux artistes exposés, etc. Bon gré, malgré, tout ce petit monde sert les collectifs en informant le public de tout ce qui se passe dans les galeries.

Paul, quant à lui, chaque soir, qu’il soit ou non de permanence à la galerie, sur une vieille Olivetti, tape un petit bulletin dans lequel il présente d’un petit mot aimable chaque artiste du collectif 31, leur travail respectif, agrémente le tout de quelques photos de leurs œuvres (collées à la colle blanche), fait une centaine de photocopies noir et blanc (la couleur viendra plus tard)… et chaque matin, Paul, bien avant le lever du soleil, s’en va de part les trottoirs, de boîte aux lettres en boîtes aux lettres (et rue après rue, de jour en jour), informer le public sur les qualités artistiques de ses amis, les invitant à venir faire un petit détour du côté des " Tableaux en marche ".



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